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Fusion-Acquisition, s’en est assez pour le Pentagone


Big is beautiful Not so sure !

En France nombre dentreprises restent convaincues que pour vivre heureux il faut rester cach. Un dogme laquelle je nadhre pas obligatoirement.

Pourtant ces derniers jours, les prises de position du responsable des achats du Pentagone Frank Kendall sont en contradiction totale avec cette ide. Car le rachat de lhlicoptriste Sikorsky par le plus gros fournisseur du Pentagone, savoir Lockheed Martin, constitue pour lui une menace sur le pouvoir dinnovation des fournisseurs.

Il est mme all plus loin que la seule problmatique de linnovation affirmant que la tendance la rduction du nombre de fournisseurs qui deviennent de plus en plus gros a aussi pour effet de limiter la base des fournisseurs, de mettre des barrires lentre de plus petits fournisseurs et, in fine, de rduire la comptition, ce qui revient dire que le prix payer par le contribuable amricain est plus lev afin de maintenir nos forces armes .

Il est vident que lorsque le groupe United Technologies Corporation a annonc son intention de se dmettre de sa filiale Sikorsky en mars 2015, nous tions loin dimaginer de tels soubresauts raliments par le fait que lacheteur, Lockheed Martin, dvoil en juillet dernier est un gant du secteur qui devance de trs loin les autres groupes amricains en terme de ventes au Pentagone. Selon les estimations de lagence Bloomberg, son chiffre daffaires avec le DoD en 2014 sest lev prs de 51 Milliards de dollars loin devant Boeing (18,8 Md$) et encore plus d’UTC, relgu la 6e position (y compris les ventes de Sikorsky) qui natteint pas les 7 Md$ derrire Northrop Grumman (10,7 Md$), Raytheon (12,7 Md$) et General Dynamics (15,7 Md$).

Depuis des annes les fusions-acquisitions sont de mise dans le secteur aronautique civil et de dfense.

Par le pass de grandes transactions ont ainsi t entrines, certaines ont t retoques par les autorits antitrust telle que le rachat dHoneywell par le groupe General Electric en 2001. La volont de GE de mettre la main sur un magna des quipements aronautiques a t cependant assouvie par lacquisition du groupe britannique Smith Industries en 2007 moyennant quelques ajustements de primtres comme certains disent. Et lon remarquera que ces fusions-acquisitions trouvent leur justification dans des domaines trs divers. Volont dasseoir sa suprmatie dans un domaine particulirement tel que les grosses turbines comme la encore montr GE rcemment en rachetant les activits nergie et Rseaux d’Alstom. Volont de dolariser ses productions comme cest le cas de la chane des fournisseurs qui souhaiter disposer des mmes armes financires que les Amricains. Volont encore des grands matres duvre de diminuer leurs cots en rduisant la base des entreprises avec lesquelles ils travaillent en direct.

En 2007, ainsi que je lavais crit dans Air & Cosmos, le Livre Blanc sur la Dfense et la Scurit nationale stipulait qu’ aucun pays europen ne peut plus se permettre l’actuelle dispersion des efforts aucune nation en Europe pas mme la France, ni le Royaume-Uni n’a plus la capacit d’assumer seule le poids d’une industrie de dfense Afin de promouvoir une industrie comptitive en France et en Europe, la France favorisera le dveloppement de groupes industriels europens de niveau mondial .

Que souhaite alors le patron des achats du Pentagone en montant ainsi au crneau ? Il se dfend de vouloir remettre en cause une dcision valide par le dpartement de la justice amricaine (DoJ) pas plus tard que le 25 septembre. Mais il tient souligner quil serait de bon ton lavenir de se pencher un peu plus sur ces phnomnes de fusions-acquisitions afin de prserver cette manne industrieuse que sont les plus petites et moyennes entreprises.

Toujours est-il que le prsident de lAssociation des industries arospatiales amricaines, lAIA, a ragit aux propos du sous-secrtaire Franck Kendall en rappelant que la consolidation industrielle tait mue par la recherche de lefficacit et que la rarfaction des programmes darmement est un critre qui acclre cette qute la consolidation des industries de dfense. Et il est certain que ce qui importe surtout est que les Etats disposent dindustriels aux bases financires solides capables de soutenir leur politique darmement tout en prservant un tissu dense de PME innovantes. Et des deux cts de lAtlantique, on sait le faire. Les mesures prises en faveur des PME afin de leur faciliter laccs aux programmes de dfense ne sont pas que des leurres.

Nicole Beauclair pour AeroMorning

Published inActu