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La britannicité

L’idée de « britannicité » : ce que cela signifie et de quelle façon on peut l’explorer. Pour cela, nous avons choisi des artistes qui ont documenté la société anglaise, de Martin Parr à Chris Steele-Perkins. L’idée, ce n’est pas d’affirmer qu’être anglais c’est ça ou ça, mais qu’il y a plusieurs façons d’exprimer cette identité : des fêtes décadentes de la bourgeoisie des années 1980 capturées par Dafydd Jones au milieu ouvrier de l’Irlande du Nord sous l’œil d’Ian Macdonald. Cette identité, c’est un sujet politiquement important, surtout en ce moment. Qu’est-ce qui définit la britannicité ? Je pense que ce sont les contradictions. Le fait que l’on soit très ancré dans notre histoire, mais sans rester bloqué dans le passé. Cela s’illustre depuis la tradition des cérémonials respectés à la règle par la prestigieuse cavalerie des Household à la liberté qui souffle sur la Cooper’s Hill Cheese-Rolling and Wake, un concours qui consiste à dévaler une colline en courant derrière un fromage !  Au même titre que la Reine d’Angleterre et Paddington, Burberry semble aussi incarner un aspect de cette britannicité ? C’est effectivement une marque qui incarne cette ambivalence, avec des vêtements pouvant se porter de façon très classique ou plus décalée. Lancée en septembre 2017, cette collection, qui sera également montrée dans l’exposition, fait écho à cette britannicité, à travers l’exubérance, la célébration jusqu’à la liberté que l’on peut sentir dans le stylisme des silhouettes. En quoi l’exposition parisienne sera-t-elle différente de celle présentée à Londres ? Il y a un peu moins d’œuvres – autour de 120, soit moitié moins qu’à Londres. Nous avons gardé la présentation par thème : les jardins, les célébrations, la météo… Mais, évidemment, la structure du lieu a une incidence sur la scénographie. A Londres, nous étions dans un tribunal du XVIIIe siècle. A Paris, nous investissons les anciens locaux du journal Libération dont nous avons gardé les murs en béton brut et les vues incroyables sur Paris. Qu’est-ce qui a guidé le choix des artistes ?  Nous voulions une photographie de la société anglaise du milieu des années 1950 – période charnière où l’on quittait l’austérité de la guerre – au milieu des années 1980, avec l’arrivée des ordinateurs. Nous avons privilégié des travaux peu ou encore jamais exposés. Comme c’est le cas de Shirley Baker, une artiste du nord de l’Angleterre peu reconnue de son vivant. A côté de cela, nous avons voulu un volet très contemporain. Qui avez-vous choisi pour incarner ce regard neuf sur la société anglaise ? Tout d’abord Alasdair McLellan, également cocommissaire de l’exposition. On connaît ses images de mode (il est notamment l’auteur de la campagne actuelle Burberry), mais moins son travail de photographie sociale. A travers les quelque 70 clichés pris dans tout le Royaume-Uni, il explore l’identité masculine. C’est sa première exposition de cette envergure. L’autre volet est une série commandée à Gosha Rubchinskiy qui a une façon extrêmement contemporaine d’aborder la jeunesse, sans frontières géographiques. Son travail fait écho aux subcultures anglaises qui ont inspiré cette collection de Christopher Bailey pour Burberry.

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